Concept mal délimité dans l'espace et dans le style, car la musique se renouvelle à chaque époque. Chaque grande œuvre est nouvelle. Après l'Ars Antiqua qui a fleuri en France, la musique de la Renaissance en Italie s'appelle Ars Nova. Autour de 1600, la monodie est caractérisée comme Musica Nova.
Sous le terme Musique Nouvelle, on entend la musique qui ne cherche pas seulement de nouveaux domaines d'expression, mais qui se distingue consciemment de l'ancienne. Aujourd'hui la Musique Nouvelle commence avec la polytonalité et l'atonalité. On s'accroche obstinément au concept de Musique Nouvelle bien qu'elle ait 60 ans et plus. C'est la première fois en Occident qu'une musique doive attendre aussi longtemps pour être reconnue. C'est en cela que ce concept se distingue de tous les autres.
La Musique Nouvelle sans apport inédit évident est plutôt de la musique contemporaine. Inversement la musique du futur est désignée sous le terme "contemporaine" ou "moderne", alors que sous Musique Nouvelle on entend ce qui a été écrit de nos jours mais qui n'est pas nouveau, qui emprunte des sentiers déjà connus. La confusion des concepts et des descriptions mène à beaucoup de malentendus.
Pour circonscrire la nouvelle technique de travail de la Musique Nouvelle, un nouveau vocabulaire et de nouveaux concepts sont nécessaires. La prédominance des sciences naturelles, des mathématiques, de la physique, de la chimie, de l'acoustique, etc. a poussé les avant-gardistes à se servir de concepts semblables : B. Blacher assujettit l'alternance métrique à l'ordre arithmétique. Il transfère la technique de la série au mètre. L'ordre arithmétique le plus simple est 2 3 4... 9 puis à l'envers 9 8... 4 3 2, ou 2 3 4 3 4 5... 7 8 9, à l'envers 9 8 7 8 7 6... 4 3 2, ou 4 5 3 2 5 3 2 4 3 2 4 5 ou à chaque mètre en additionnant les précédents 2 3 5 8 13, etc. Avec ces mètres variables Blacher a créé plusieurs œuvres de musique de chambre et symphonique, et d'autres se sont approprié cette technique de composition.
La musique sérielle ne suit pas des idées libres liées à la forme mais est assujettie à une construction d'après le principe de la série. Selon la "Terminologie de la musique sérielle" de Günther von Noé, deux sous-concepts sont liés à la musique sérielle :
Paramètre : concept emprunté aux mathématiques, que W. Meyer-Eppler a transféré à la musique et qui signifie ce qui est désigné par les "éléments du son" (les éléments du son sont les différentes propriétés assujetties à la composition en série : hauteur, force et durée du son, couleur du son).
Intégrer : se joindre, former un tout.
Interpoler : insérer des mots et des phrases dans un texte si le sens l'exige.
Permuter : échanger, commuter.
Phase : écart d'un ton à un autre, d'une oscillation de son à une autre. Les phases qui durent de 6 à 1/16 de seconde - jusque-là dépendantes de la rythmique et de la métrique -, s'appellent macrophases. Celles dont la durée est de 1/16 à 1/3200 de seconde sont des microphases. Plusieurs phases entre elles forment des groupes de phase. Si à partir d'une phase on construit des séries arithmétiques en multipliant ou divisant, la valeur de départ s'appelle phase de base ; les séries obtenues forment le spectre de phase, correspondant à l'ancienne série d'harmoniques.
Formant : concept emprunté à l'acoustique, introduit par K. Stockhausen : les harmoniques prédominantes. Le spectre de formant est le même que le spectre de phases i. e. "valeurs dérivées par la multiplication d'une phase de base". P. Boulez a appelé formants les "extraits échangeables de 5 manières possibles de sa 3e sonate".
Grandeur de champ : concept emprunté aux mathématiques. Chez Stockhausen il signifie "différences dans l'exactitude du jeu de valeurs de temps notées différemment mais acoustiquement semblables" ; chez G. Ligeti c'est au contraire "un flou résultant d'une superposition de valeurs des intervalles et des sons dans la construction sonore". Un vecteur d'après G. Ligeti est "l'intervalle caractéristique d'une série".
Perméabilité : transparence, concept venant de la physique et chimie, se rapporte au fait que "les différentes structures se traversent et peuvent même se fondre entre elles".
Coagulation : d'après G. Ligeti "utilisé pour une accumulation d'intervalles ou de motifs déterminés, accumulation qui dissout une structure en série". Préstabiliser, prédéterminer, prédestiner, préformer : "placer une série ou un autre ordre à partir duquel la composition sérielle se développe avec une certaine logique qui n'exclut cependant pas la fantaisie". Idem pour plan de direction, instruction de direction.
Automatique : quand "la technique sérielle est trop influencée par la direction".
Entropie : concept des sciences thermiques, mesure pour la vraisemblance d'un état (l'entropie augmente sans cesse par des processus irréversibles). Dans le domaine musical : "plus la déformation est intégrale, plus l'entropie est grande".
Aléatorique : de "alea" le dé, "alea jacta est", les dés sont jetés ; influence et considération du hasard dans les compositions sérielles, selon la volonté de l'exécutant.
Technique de rotation : concept utilisé par H. Eimert lors de sa recherche sur les séries d'intervalles. F. K. Prieberg dans un essai (Melos - 1964) a attiré l'attention sur les concepts employés par K. Stockhausen dans ses recherches : proportion, évolution des formes, structure, champ de diffusion, degré d'approximation, moment de groupe.
Antimusique : concept des avant-gardistes qui signifie qu'aujourd'hui la création musicale au sens classique n'est plus possible, mais seulement une vie des sons qui suit les lois de notre temps et qui par conséquent est contraire à la musique d'avant. Structure d'attente et structure d'action, règles de travail chez P. Boulez. Il les a trouvées dans la musique indienne, les a décrites et utilisées, même si la dénomination des 2 concepts ne vient pas de lui mais de Hans Oesch (Melos - 1964).
Musique stochastique : d'après Y. Xenakis musique qui s'appuie sur la théorie de la vraisemblance. A l'opposé on trouve la musique stratégique qui s'appuie sur la théorie mathématique du jeu et la musique symbolique sur la théorie des grands nombres et la logique mathématique. Le lettrisme désigne une entrée de mots et de vocaux dans la Musica nova. Les mots ne sont pas utilisés dans leur forme quotidienne, mais - suivant le Dadaïsme et J. Joyce - ils sont décomposés et reformés.
Le Surréalisme : d'après H. K. Jungheinrich (Melos - 1964) existe aussi en musique. Il se trouve dans quelques œuvres de E. Satie, P. Hindemith, F. Schreker, O. Messiaen, K. Penderecki entre autres. Le Surréalisme musical offre aux musiciens les mêmes possibilités que le Surréalisme pictural aux peintres. Le compositeur suédois Bo Nilsson nomme notation d'action des instructions qui ne sont pas forcément suivies, comme par exemple quand on monte au hautbois du pianissimo au fortissimo sur un ton fixe. Mais l'hautboïste joue alors "comme si" il pouvait atteindre cette hauteur. Nilsson croit atteindre des effets sonores avec sa notation d'action.