Ce mot anglais désigne couramment des objets sales ou crasseux, voire des plaisanteries cochonnes, mais il prend un sens bien différent quand il est utilisé dans le domaine de la musique jazz. Le mot argotique "dirty" répond dans ce cadre à un style pour lequel les modes d'expression sont poussés à leur maximum.
Jouer "dirty" imprime ainsi un jeu instrumental pour lequel les effets sonores constituent une sorte de manifestation ou d'élocution supplémentaire que le musicien exprime sur son instrument. Sur ce principe, le "dirty" répond à un effet sonore nommé le "growl". Celui-ci produit une sorte de grognement se rapprochant du rugissement d'animaux.
Habituellement employé par les trompettistes et les trombonistes, le résultat est généralement obtenu grâce au renfort de la sourdine que l'instrumentiste ouvre et ferme manuellement en alternance. Son exécution était courue du temps pour lequel le style "jungle" était à la mode dans les big bands de jazz, des années 1920 à 1940, comme celui de Duke Ellington et de Cab Calloway.