Musique de danse populaire d'origine brésilienne signifiant "Nouvelle vague". C'est une musique suave, une sorte de samba au rythme lent en 4/4 mélangée à des harmonies jazz.
Synonyme de musique brésilienne pour de nombreuses personnes, la bossa nova apparut au milieu des années 1950 grâce à l'ajout d'éléments de samba dans le jazz. Luiz Bonfá, Laurindo Almeida, Johnny Alf, puis João Gilberto, Vinícius de Moraes ainsi que Tom Jobim, ont contribué grandement à sa reconnaissance d'un mode d'expression majeur de la musique brésilienne. Celle-ci parvient aux oreilles des Européens au début des années 1960, popularisée par le jazzman Stan Getz et la chanteuse Astrud Gilberto. Puis, à la faveur de la "patte" d'Henri Salvador, elle se trouve propulsée en France jusqu'à honorer les soirées BCBG.
Historiquement, ce courant musical est avant tout une réponse aux attentes des jeunes musiciens qui rejettent le samba traditionnel, celui provenant des carnavals, et le samba-canção reposant sur des chansons trop intentionnellement convenues pour être réellement passionnantes. Cette jeune génération d'artistes brésiliens est à la recherche de modernité, d'une nouvelle manière d'interpréter les chansons avec des paroles positives qui reflètent leurs aspirations.
Des réunions finiront par se tenir dans de cossus appartements des quartiers d'Ipanema et de Copacabana, et dans lesquels quelques musiciens pleins d'espoir s'efforceront d'estimer à sa juste valeur l'apport artistique et culturel du style musical imaginé par Jobim et Gilberto. Parmi eux, des noms qui révéleront la musique brésilienne moderne des lendemains : Oscar Castro-Neves, Carlos Lyra, Roberto Menescal, Sérgio Ricardo, Normando Santos et Sylvia Telles. Ces concertations animées conduiront à la divulgation de ce style musical dans les boîtes de nuit de la Beco das Garrafas, située à Copacabana, avant que les premiers titres de bossa soient enregistrés en 1959 par João Gilberto (album Chega de Saudade).
Quand la bossa nova se répand, les textes des chansons sont optimistes et vantent les plages de Rio. Le Brésil n'est pas encore sous le coup d'État de la dictature de 1964. La mise en place d'un régime féroce devait conduire une seconde génération d'artistes à transformer la bossa nova pour qu'elle soit plus en phase avec la réalité politique et sociale du Brésil. Maria Bethânia, Chico Buarque, Gilberto Gil, Edu Lobo et Caetano Veloso lanceront des messages engagés tout en réformant en profondeur les composantes de la bossa nova en y intégrant d'autres influences musicales. Le mouvement « Musique Populaire Brésilienne » venait de naître.
Néanmoins, la bossa nova n'avait pas totalement disparu. À celle-ci, des musiques venues des États-Unis se profilaient à l'horizon, en particulier le rock. De plus, d'autres jeunes talents, tels que Jorge Ben, Elis Regina et Wilson Simonal estimaient que la popularité de toute musique doit passer avant tout par l'interprétation et la scène. Le cœur de la musique brésilienne devait s'en trouver bouleversé. Les années 1970 seront celles qui marqueront définitivement l'intégration de l'âme de la bossa en légitimant sa place au Brésil et dans les autres pays sensibles à ses rythmes et mélodies.
Souvent considérée comme la musique de la « nouvelle vague », la bossa nova a influencé bien des musiques, pas seulement le jazz, mais également la chanson au sens large et parfois la musique de film pour laquelle son balancement et sa douceur s'adaptent parfaitement aux scénes intimistes.
Les titres Águas de Março , The girl from Ipanema, Corcovado ou Desafinado et Wave sont devenus des classiques du répertoire de la bossa-nova et sont encore aujourd'hui interprétés par de nombreux artistes, dont de nombreux jazzmen : Bob Brookmeyer, Donald Byrd, Chick Corea, Paul Desmond, Dizzy Gillespie, Joe Henderson, Lee Morgan, Hermeto Pascoal, George Shearing, Horace Silver, Cal Tjader ou encore Lalo Schifrin au cinéma. La bossa représentait à leurs yeux un excellent support pour s'exprimer sans devoir s'enfermer dans certains poncifs. Leur contribution a eu d'ailleurs un impact considérable sur les déclinaisons ultérieures du jazz, tels que le jazz fusion et le jazz-funk.
Pour en savoir plus, consulter le dossier La bossa nova et le jazz, une histore de rencontre sur "cadenceinfo.com".
La guitare est l'instrument central de cette musique. Le jeu sur l'instrument est composé d'un nombre étendu de syncopes et de contretemps, au contraire de la basse qui reprend le rythme répétitif du surdo du samba par alternance de blanches en quinte et à un tempo pratiquement dédoublé. Le temps fort est joué doucement, même si le troisième est accentué en apportant à l'occasion des rythmes syncopés. Quand la guitare est présente, le piano est généralement discret et n'intervient que ponctuellement pour éviter le double emploi.
L'accompagnement, pour l'essentiel, accomplit une certaine intégration dynamique de la mélodie en développant une harmonie fertile (héritée du jazz) et un subtil balancement rythmique capable de soutenir le chanteur en tant qu'élément central de la chanson. Cette approche musicale contraste nettement avec le style du samba-cançao.
Bossa Nova (Corcovado - C.Jobim/A.Gilberto/S. Getz)