Littéralement « marche du gâteau ». Danse populaire née vers 1870 parmi les Noirs de Virginie et qui fut importée en Europe au tout début du 20ᵉ siècle par le music-hall.
Le Cake-Walk ou Cakewalk est né d'une parodie imitant la démarche altière des maîtres blancs. Des concours de marche (les "Prize Walks") étaient organisés par les esclaves noirs en présence des propriétaires planteurs. Ces derniers, qui assistaient de temps à autre à leur spectacle, en étaient venus à établir différents prix, dont un gigantesque gâteau de farine de maïs, enveloppé dans une feuille de choux, qu'ils appelaient le "hoecake".
Imaginatif, le Cake-Walk était hautement formalisé vis-à-vis de danses telles que le Charleston et le Lindy hop. Occasionnellement, un banjo, un violon, une guimbarde ou le frappement des mains sur des caisses en bois s'invitaient pour vitaliser la danse. En réponse à ce mouvement festif, certains danseurs et danseuses revêtaient de temps à autre des frusques usées ayant appartenu à leurs maîtres, sans que ces derniers soient visiblement offusqués par leurs singeries qui s'efforçaient de les imiter.
Musicalement, le cake-walk est conçu sur une base de rythmes syncopés, à la façon d'une marche régulière, qui évoluera par la suite en étant adaptée via le ragtime. Outre Robert Russell Bennett et John Philip Sousa, des compositeurs classiques s'en inspirèrent, comme Claude Debussy qui formula en 1908 Golliwogg's cake-walk, dans sa suite pour piano Children's Corner. La danse, quant à elle, devait se répandre dans les "minstrel shows" en évoluant progressivement vers une danse caricaturale. Georges Méliès, trouvant l'idée savoureuse, s'en mêla en réalisant le film Le Cake-walk infernal (1903) dans lequel des danseurs pratiquaient le cake-walk dans un décor symbolisant l'enfer.
Cake-Walk (Golliwogg's Cake-Walk - Claude DebussyDebussy, Children's Corner - Benedetti Michelangeli, piano)
La musique de cake-walk utilise en grande partie le caractère polyrythmique de la musique africaine. On y retrouve la figure habanera qui représente l'une des cellules musicales binaires parmi les plus fondamentales des traditions cadencées de l'Afrique sub-saharienne, celle des Ewes du Ghana, du Togo, et du Bénin. De même, les racines du cake-walk sont présentes dans la musique traditionnelle du Mali au Mozambique et du Sénégal à l'Afrique du Sud. Par extension, la figure rythmique est par là même aussi essentielle dans les danses africaines actuelles comme l'afrobeat et le soukous.