Utilisé dans la musique baroque, le continuo est un terme désignant prioritairement une partie comprenant une basse continue (ou basse chiffrée). C'est une réalisation écrite ou improvisée de l'harmonie qu'elle sous-entend, implicitement ou explicitement si elle est chiffrée. Généralement, la basse continue est confiée au violoncelle ou à la la viole de gambe. La basse continue peut également servir de base pour créer une composition destinée à un instrument à clavier.
Les chiffres, qui correspondent aux accords, sont réalisés par un instrument polyphonique tel que le clavecin ou le théorbe, une sorte de grand luth. La basse chiffrée est systématiquement utilisée pour accompagner plusieurs lignes mélodiques jouées dans le registre supérieur. Les instruments utilisés pour réaliser cet accompagnement forment le continuo.
Le nombre et le type d'instruments qui le composent ne sont normalement pas prédéterminés par le compositeur. Ils peuvent varier en fonction du contexte, du style et de l'époque de la pièce. Toutefois, quelques repères orchestraux permettent de définir la constitution du continuo. Un ou plusieurs instruments monodiques graves, tels que le basson, le violoncelle ou la viole de gambe, interprètent la ligne de basse écrite, et un ou plusieurs instruments polyphoniques capables de jouer des accords comme le clavecin, l'orgue ou le luth réalisent le support harmonique, mais en employant des basses chiffrées. De nos jours, cette répartition s'est adaptée fréquemment aux circonstances du lieu. Par exemple, l'orgue ne pouvant se déplacer, ce sont le clavecin ou le luth qui se chargent habituellement de l'accompagnement.
Le terme « basse continue » provient de l'obligation dans laquelle se trouvait l'organiste quand il était contraint d'accompagner des chœurs, alors que les œuvres chorales n'étaient disponibles qu'en utilisant plusieurs livrets, de constituer une partie de basse ininterrompue. Il était tenu de créer en particulier une réponse improvisée dans les moments où une voix cessait et avant qu'une autre reprenne.
Antérieurement à l'époque du baroque, seule la musique vocale était écrite. Peu de musique instrumentale l'était. L'accompagnateur était guidé par son expérience, par l'oreille et par ses facultés d'improvisateur. De la main droite, il construisait un accompagnement représentant les dessins de l'harmonie et de la main opposée, il exécutait la basse.
La réalisation d’une basse chiffrée représente pour un musicien un réel défi, car la réalisation correcte de la décomposition des notes de l'harmonie ne suffit pas. Celles choisies doivent se succéder selon certaines règles de conduite des voix qui, durant l'époque baroque, étaient assez strictes. Par contre, le musicien, tout en s'engageant dans le schéma harmonique indiqué, a le choix entre le découpage rythmique, l'ouverture des accords ou non, ainsi que d'accomplir d'autres procédés tels que l'ornementation, l'imitation et le contrepoint.