Pratiqué par des musiciens en réaction contre l'école du cool jazz, le saxophoniste Sonny Rollins, le pianiste Horace Silver ou le batteur Art Blakey, entre autres, inventeront le langage hard bop ; un discours qui n'est autre qu'une prolongation de la musique bebop, en plus posée, et faisant appel à des influences qui s'articulent autour du rhythm and blues, du gospel et du blues.
Le hard bop est apparu à partir du milieu des années cinquante en proposant un discours incisif et intense d'où émergent des thèmes simples et particulièrement « mélodiques ». Son « exposé » repose avant tout sur une tentative de rendre le bebop plus accessible au grand public.
Si le quintette du batteur Max Roach, entourés du trompettiste Clifford Brown et du saxophoniste ténor Sonny Rollins, constitue une bonne prise en main du hard bop, la plus belle illustration de ce style est certainement celle proposée par le quintet des "Jazz Messengers" fondé par le batteur Art Blakey en 1953, et comptant dans ses rangs Lou Danaldson au sax, Kenny Dohram à la trompette et le pianiste Horace Silver. Ce dernier se révèlera rapidement comme l'une des personnalités marquantes du style, ne serait-ce que par les nombreux standards qu'il a composés avec son propre quintette dès 1956.
Le hard bop s'articule couramment autour d'une formule qui n'évoluera guère : celle du quintette. Excepté la présence du trombone venant de temps à autre soutenir la trompette et le saxophone, la solidité du style repose en premier lieu sur la qualité du soutien rythmique, piano, contrebasse et batterie.
Lors des sessions, les morceaux se déroulent toujours de la même façon : les vents interprètent ensemble une mélodie de brève durée (parfois doublée) qu'enchaîne une série de solos improvisés sur l’harmonie du thème et dans un ordre régulièrement identique.
Les standards du hard bop possèdent un tempo plus lent et moins démonstratif que ceux du bebop, mais leur marquage rythmique est nettement accentué. De nos jours, le hard bop se pratique toujours. Il subsiste d'ardents défenseurs de cette musique, au même titre que le bop a fait école, en respectant les éléments et les ressources qui lui sont propres.
Horace Silver : Song for my father
À la fin des années 1950, quittant la formation du trompettiste Miles Davis, le saxophoniste John Coltrane brisera l'élan en impulsant une nouvelle évolution qui ouvre la voie au free jazz ; un langage qui sera autrement déstructé, notamment par les interventions des musiciens Archie Shepp, Albert Ayler, Pharoah Sanders, puis par l'Art Ensemble of Chicago.
Parallèlement à cette mouvance et produisant une musique aux antipodes de celle-ci, le jazz soul sera l'alternative au déclin du hard bop. Ce style, dit « funky » ou « churchy », puisera son inspiration via un retour aux sources ; le gospel et le rhythm and blues, en particulier. Durant presque toute la décennie des années 1960, les quintettes du pianiste Horace Silver, des saxophonistes Stanley Turrentine et Cannonball Adderley, sans oublier le guitariste Georges Benson et le trio de l’organiste Jimmy Smith, animeront ce courant avec des thèmes cadrés, simples et efficaces.